FOURNET Ernest

 

Ernest Fournet est né le 23 octobre 1893 à Paris, et il est mort à Antibes le 10 octobre 1983. Il avait 90 ans.

 

Devenu orphelin en 1908, il est conseillé et guidé par un ami de son père vers la Marine. Présenté à Monsieur Ambaud, du Havre, il embarque à 15 ans, en sortant du collège, comme mousse sur le 3-mâts barque GALION, commandé par Alfred Boyer, et fait 4 voyages des Antilles de juillet 1908 à juin 1910.

 

Reçu élève de la Marine Marchande en 1911, il était entré à l’Ecole d’Hydrographie du Havre en juin 1910.

 

Il embarque sur le 3-mâts SUZANNE en décembre 1911, Cie Corblet du Havre, capitaine Raymond et fait le voyage Port Talbot, Antofogasta, Tocopilla, Hambourg, jusqu’au 30 décembre 1912. Deux passages du Horn dont un inoubliable : 21 jours pour doubler le Cap, d’Est en Ouest ; 13 mois de navigation pour ce voyage.

 

Il part au Service Militaire en avril 1913.

 

Libéré en avril 1914, notre camarade part aussitôt comme lieutenant sur le CHATEAU RENAUD jusqu’en avril 1914. Le 13 avril 1914, il embarque à Hambourg, comme lieutenant sur le CHATEAU d’IF, Cie Corblet, capitaine Alain, de St Jacut, voyage de circumnavigation vers Auckland (Nouvelle-Zélande) et Nouvelle-Calédonie chargé de superphosphates, passage du Horn au retour. Le départ avait eu lieu le 30 avril 1914. Au sud de l’Australie, sous l’effet magnétique des terres, par tempête de vent d’ouest, le compas devient fou. Les 2 hommes de barres en pleine nuit, ne peuvent tenir l’arrière à la lame. Dans une embardée, le navire vient en travers. Il se couche à chaque lame. Les 2 huniers fixes partent dans un coup de tonnerre. Le navire donne des coups de roulis effrayants. Tout l’équipage réuni, réussit à border une voile de cap. Dans la cambuse, 2 épontilles centrales ont cédé : le vin, la farine, les patates, tout va au roulis dans un tintamarre étourdissant. Il faudra 2 jours pour remettre tout en ordre dans la voilure... et les vivres ! Le Capitaine Alain, en pleine nuit, alors que notre ami venait de l’avertir du mauvais comportement du compas, vint sans calcul préalable, fixer à l’aide de 2 clous à une certaine distance du compas un fer doux de compensation ! Aussitôt comme par enchantement, le compas devint stable. Ajoutons que le Capitaine Alain était fort de son expérience de 16 voyages des mers du Sud !

 

Un mois après, alors qu’ils étaient au Nord de la baie d’Auckland, un grand paquebot anglais leur signala que la guerre était déclarée, sans dire avec quelle nation ! Dans la soirée, le pilote arrivant à bord, leur donna des précisions. L’équipage fut chaleureusement accueilli par la population.. Après avoir relevé pour Thio (Nouvelle-Calédonie)pour charger du nickel, ils repartent le 29 décembre 1914. Passent le Horn à toucher terre le 8 février 1915 et le 16 mai 1915, étaient aux Casquets.

 

Après 139 jours de mer, le CHATEAU D’IF mouillait devant Cherbourg, mer calme voilure établie. Le lendemain, il partait à la remorque pour le Havre où le chargement était attendu avec impatience, 24 mai 1915.

 

Fournet est mobilisé le 1er juin 1915 comme maître de manœuvre et nommé au commandement du MARIE, chalutier de Boulogne et part pour les Dardanelles : patrouille, dragage. Il arraisonne un sous-marin (1916), est nommé premier-maître puis enseigne et devient officier en second, de la division de chalutiers en décembre 1917. Rapatrié, il embarque comme officier en second sur le CORTE 2 dont il prend le commandement en 1918.

 

Proposé pour la Légion d’Honneur à la fin de la guerre 1914- 1918, il sera promu chevalier le 19 janvier 1933. Démobilisé en 1919, après 7 années à la Cie Paquet, Fournet devient pilote de Casablanca. Son stage terminé, 3 mois en doublure pour son premier tour de service, seul il embarque en pleine nuit sur un grand voilier en feu qui menaçait d’aborder un navire amarré sur un coffre. Il réussit à échouer le voilier à la plage, dans le Nord du port.

 

Le 21 juin 1918, il avait été reçu Capitaine au Long Cours. Il fut pilote de Casablanca, puis chef pilote de 1926 à 1947. En 1943, à l’arrivée des troupes américaines, l’Amiral Ronarc’h désigne notre camarade comme chef pilote de Casablanca. Ses dernières années de pilotage furent particulièrement actives, compliquées par la mauvaise volonté des Yankees à accepter nos méthodes administratives, et aussi il faut le dire par un pilotage difficile parmi les épaves dans le port et dans la rade.

 

Fatigué, malade, notre camarade Fournet prend sa retraite après 20 années passées au pilotage de Casablanca.

 

Après la guerre de 1939-1945, ayant reçu plusieurs témoignages de satisfaction de divers commandants de la Marine au Maroc, notre ami est promu officier de la Légion d’Honneur en décembre 1955. Notre camarade avait été nommé chevalier du Mérite Maritime en mai 1947.